mardi 25 novembre 2014

Le coloriage ... c'est juste du coloriage.





Non, je n'ai rien contre le coloriage. N'importe comment, c'est mieux que regarder la télé. J'imagine même que dans la répétition du geste, il puisse y avoir quelque chose d'apaisant. Mais de là à nommer ça art-thérapie, il y a un fossé, allègrement franchi par les auteurs et éditeurs de ces ouvrages qui auraient pu avoir l'humilité d'intituler leur collection "coloriage détente" ou autre chose, ils ont des conseillers en communication qui sont payés pour ça.

De la même façon que les mots fléchés ne sont pas de la littérature, le coloriage ... c'est juste du coloriage, pas de l'art-thérapie.
... Et par ailleurs, si l'on se trouve en état de stress, il est peut-être plus thérapeutique de chercher à en découvrir la cause et à expérimenter des solutions, plutôt que de faire du coloriage pour tenter d'y échapper ! 

Ca me rappelle de mauvais souvenirs d'école maternelle : mes instits me faisaient les gros yeux parce que je dépassais des contours imprimés.
Se sont-ils un jour posé la question de ce que pouvais signifier symboliquement "ne pas dépasser" pour un enfant de 3, 4, 5 ans ?
Ca ressemble un peu trop à une injonction à se conformer au moule, à rester dans les limites balisées. 

Sans doute y'a t'il une autre explication, pédagogique, ou peut-être au niveau du développement psychomoteur, mais je l'ignore.

La plupart du temps, quand on met des enfants et de la peinture dans la même pièce, pas besoin de leur expliquer comment faire ! (A moins que ces enfants ne soient déjà très abîmés, car ils perdent alors leur capacité à jouer; C'est d'ailleurs un grand pas dans la thérapie d'enfants que le travail de D.W.Winnicott qui a théorisé la fonction psychique du jeu chez l'enfant et crée des dispositifs de médiation thérapeutique mettant en oeuvre le jeu - play = jeu libre, opposé à game = jeu avec des règles).

Je digresse, mais finalement cette parenthèse me renvoie à mes moutons, puisqu'on peut tout à fait faire un parrallèle intéressant entre ces albums de coloriage estampillés "art-thérapie" et ce que Winnicott nomme game ( = jeu avec des règles ) par opposition au jeu libre, à la créativité spontanée que l'on observe chez les enfants qui jouent, et qu'il nomme play,  que l'on retrouve dans le processus de création artistique.  

Bref, au dela du fait que ce genre d'ouvrage décrédibilise une pratique déjà fragile et un peu nébuleuse (différentes écoles de pensée avec différentes pratiques, certaines très psychanalytiques et interprétatives, d'autres un peu new age ...) je crois que ce qui me mets le plus en pétard c'est que, par un biais pernicieux de pseudo développement personnel, on incite les gens à rester dans les cases, à ne pas dépasser, ne pas déborder.

Cessons de colorier à l'intérieur des contours faits par d'autres, dépassons, débordons, inventons de nouveaux contours à nos vies ! 



Andy Warhol avait une façon bien à lui de faire du coloriage :




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